i won't let go 'til the end. (ah)

01. — un couple comme un autre. une rencontre qui change leur vie et les fait tomber amoureux. très vite, ils décident d'emménager ensemble pour construire une vie à deux. un an après leur mariage, une petite Ari vint voir le jour. leur petit rayon de soleil. pourtant, le rêve est difficile à maintenir debout. l’amour est toujours présent, mais l’argent manque. papa est obligé d'enchaîner deux travails pour ne pas perdre la maison. maman travaille à domicile pour l'aider tout en gardant la jeune ari. puis deux ans passèrent et une deuxième grossesse vint compliquer la situation, mais en aucune façon la famille holloway n’allait abandonner. ari, très jeune, a pu voir les cernes de ses parents, mais leur courage ne pouvait que l’inspirer. les fins de mois étaient difficiles, mais jamais, ari et sa sœur ne manquèrent de rien. il y avait toujours de la nourriture dans leur assiette et des vêtements neufs cousus par leur mère. ”pour être unique” disait-elle avec un sourire. puis quand ari souffla ses cinq ans, une autre petite tête vint s’ajouter dans cette maison qui devenait bien trop étroite pour cinq personnes. mais qu’importe, l’important pour eux, c’était d’être ensemble quoi qu’il en coûte.  
     
02. — 25. 23. 20. l’âge de la fratrie Holloway. Les trois sœurs sont bien différentes, chacune a son propre caractère et pourtant, Ari ne voudrait les changer pour rien au monde. Elles sont agaçantes par moment, elles se prennent souvent le bec et pourtant, Ari ferait tout pour elles. C’est elle, l’aînée. Elle qui les a vu naître et qui a pu les voir grandir peu à peu. À cause d’elles, Ari a dû avoir le poids d’être le modèle, la grande sœur parfaite. Elle n’est guère sûre d’y avoir réussi. Étant qu'une simple ouvreuse de cinéma, elle ne peut qu'être heureuse de voir ses deux sœurs réussir dans la vie. Jamais, elle ne les laisserait être la personne qu’elle est actuellement. Plus jeune, il n’était pas rare qu’elle se prive pour qu’elles puissent avoir un jouet de plus. Elle n’a jamais été la chouchoute de la famille, toujours considérée comme le vilain petit canard. Ses sœurs n’ont sans doute jamais réalisé à quel point, elle a fait des sacrifices pour qu’elles puissent avoir ce qu’elles désiraient.               

03. — Son adolescence fut mouvementée. Les cours, ce n’était clairement pas son truc. Elle s’ennuyait, elle n’écoutait pas grand-chose de ce que pouvait bien raconter les professeurs. Elle ne compte d’ailleurs plus le nombre de fois où elle dut se rendre dans le bureau de la directrice parce qu’elle n’avait guère fait ses devoirs. Ses cahiers de classe étaient remplis de dessins. C’était sa seule occupation de la journée. Et avec les études, il eut aussi les tourments des premières histoires d’amour. Ari voyait ses amies se mettre en couple, glousser comme des dindes quand elles voyaient le plus beau garçon de l’école. Elle jamais. Son regard ne se posait même pas sur lui. Elle ne comprenait guère ce qui la différenciait des autres. Ce fut une conversation avec sa mère qui l’aida à mieux se comprendre elle-même. À quinze ans, il était normal de ne pas vraiment se connaître.
Pourtant, quand Ari embrassa une fille pour la première fois, elle sut qui elle était vraiment. C’était un simple jeu, stupide jeu de la bouteille pendant une soirée pyjama. Mais tout s'éclaira dans sa tête.

04. — Une fois, son attirance pour les filles découverte, la jeune Ari comprenait mieux pourquoi elle avait du mal à résister à jeter un regard à certaines filles dans les vestiaires. Cette douce chaleur qui circulait dans ses veines quand l’une d’elles la collait. Tout était nouveau et pourtant, Ari ne s’était jamais sentie aussi vivante. La première personne qui fut mise au courant pour son homosexualité fut sa mère. Celle-ci n’eut aucune réaction, juste un sourire qui lui faisait comprendre qu’elle devait sans doute déjà le savoir. Ses sœurs, encore trop jeunes, ne comprenaient pas vraiment ce qui se passait dans sa tête. Ce fut quelques années plus tard qu’elles décidèrent de la caser avec leurs copines. Mais ce que craignait le plus Ari était la réaction de son père. Même s’il l’avait toujours choyée, elle ne pouvait s’empêcher d’être angoissée. Elle avait eu le malheur de lire certains articles sur internet: “comment faire son coming out à ses parents” grave erreur. La boule au ventre, elle avait attendu qu’il rentre de son travail pour lui annoncer. Ce fut compliqué. Il ne la regarda même pas, ne lui adressa aucun mot pendant quelques jours.    

05. — Ari ne fit guère de grandes études, elle trouvait ça ennuyeux. peut-être que pour elle, c’était juste un moyen d’accepter le fait qu’elle ne ferait jamais de grandes études? ari voyait ses parents travailler nuits et jours pour subvenir à leurs besoins. une grande école allait les ruiner encore plus et elle se l’interdisait. alors dès qu’elle put, elle se mit à la recherche de petits boulots. elle voulait les aider du mieux qu’elle pouvait. elle en avait marre de voir les cernes sur le visage de son père et les larmes de fatigue collées sur celui de sa mère après une dure journée. mais surtout, elle ne voulait pas que ses sœurs se privent elles aussi de leurs rêves. elles voulaient qu’elles aient une belle vie, qu'elles puissent faire de longues études et aillent dans le grand monde. de toute façon, elle n’était pas faîte pour fréquenter les gens de la haute. elle serait capable de leur dire leur quatre vérités et de finir virer d’avoir été trop franche.
elle trouva un poste d’ouvreuse de cinéma. cela ne payait pas beaucoup, mais ça permettait de mettre des économies de côté. et elle pouvait toujours avoir accès à la salle et à un bol de pop corn, que demander de plus? si y a bien quelque chose qui pouvait la faire rester assise calmement, c’était le visionnage de films. adoratrice de divers univers, cela lui permettait de développer son imagination et d’oublier la triste vie qu’elle pouvait mener.

06. —ce n’était pas le seul moyen qu’elle trouva pour s’évader. alors qu’elle s’ennuyait un jour, elle décida d’aller sur internet et se mit à regarder des personnes qui jouaient à des jeux-vidéos. ridicule n’est ce pas? et pourtant, ari tenta de se lancer dans cette aventure. c’était absurde, mais au moins, cela lui permettait de se détendre. au départ, elle n’avait que quelques viewers, d’ailleurs, elle se demandait encore comment ils avaient fait pour la trouver. mais, peu à peu le nombre de vues commença à s’agrandir. Oh, elle tombait parfois sur des mecs relous, mais il suffisait juste d’un clic pour les virer. Le rêve. Si seulement, dans la vie, c’était aussi simple de se débarrasser des lourdauds de leur genre. néanmoins, ce fut grâce à un raid d’un streamer qu’elle suivait ardemment qu’elle se fit vraiment connaître. oh bien entendu, elle n’était pas la plus douée aux jeux-vidéos, mais c’était sans doute ses fails qui plaisaient aux gens.

07. — ari avait toujours rêvé d’avoir un animal de compagnie. c’était d’ailleurs la seule chose qu’elle se permettait de demander à ses parents pour noël. elle leur promettait qu’elle s’en occuperait, qu’ils n’auraient rien à faire. ils avaient finalement cédé pour un petit chat, mais malheureusement pour la famille holloway, ari découvrit qu’elle était allergique à ses poils. entre crises d'asthme et les yeux rouges, elle ne put guère s’en approcher. alors que c’était son cadeau, celui-ci passe maintenant tout son temps à dormir dans la chambre de sa plus jeune sœur. ari en eut le cœur brisé. c’était son seul souhait et voilà que son propre corps lui interdisait d’être pleinement heureuse.
son rêve d’avoir un animal de compagnie aurait pu être lui aussi jeté aux oubliettes. cela en faisait un de plus, qu’est ce que cela changerait après tout? sa vie était ponctuée que de faux espoirs. mais il faut croire qu’une bonne étoile avait décidé d’éclairer la vie de la jeune femme. sa voisine possédait un chien, un shiba-inu femelle et à sa plus grande surprise, elle eut une portée. ne pouvant guère s’occuper de chiots supplémentaires, celle-ci les donna. étant donné la race, ils trouvèrent rapidement une famille. mais ari tarda trop à convaincre ses parents et quand elle y parvint, il était une nouvelle fois trop tard. deuxième fois qu’elle se retrouvait avec le cœur brisé. cependant, en rentrant chez eux, elle découvrit une petite boule de poil avec un ruban autour du coup et ses sœurs lui hurlèrent un "surprise" qui lui mit les larmes aux yeux. depuis ce jour-là, Ice ne la quitta plus.

08. — sa vie sentimentale est un vrai carnage. ari n’arrivait point à construire quelque chose de solide avec quelqu’un. pourtant, ce n’est pas faute d’avoir rencontré des femmes adorables avec qui elle aurait pu s’épanouir pleinement. mais non. il manquait toujours un petit quelque chose, une petite étincelle qui lui disait que c’était la bonne. les papillons dans le ventre disparaissaient toujours en leur compagnie, tout semblait fade. était-elle juste destinée à rester avec Ice toute sa vie?
Mais au fond d’elle, elle savait déjà qu’elle avait trouvé la bonne personne. Elle. Tout son monde tournait autour d’elle. Sa meilleure amie depuis tant d’années. Différente d’elle et pourtant, ari n’aurait guère pu trouver meilleure moitié. c’était elle qui faisait battre son coeur, bouillir ses veines et qui attirait son regard à chaque fois. certaines de ses conquêtes lui avaient d’ailleurs fait quelques reproches, elle n’avait guère compris d’où venait leur jalousie. il n’y avait rien entre elles. c’était juste speedy. speedy et ari. rien de plus. rien de moins. le yin et le yang réunis, différentes et pourtant si complémentaires. ari ne se sentait pleinement en vie qu’à ses côtés. c’était elle qui représentait son phare dans ses rêves brisés.
mais tout s’embrouille dans sa tête. cette chaleur, qui se diffuse dans tout son corps quand elle la prend dans ses bras, lui procure des sensations qui la trouble et qui lui fait perdre pied.

09. — ari est très économe. quand elle doit dépenser son argent, c’est bien l’unique chose qu’elle fait de manière réfléchie. elle pense avant tout aux bonheurs des autres qu’aux siens. son argent ne part que vers sa famille et son chien. pourtant, elle a cédé une fois. elle avait décidé de se faire plaisir à elle, pour la première fois de sa vie. oh, ce n’était guère sous un coup de tête. elle y avait pensé longuement, pesant le pour comme le contre sur son choix. et au final, son envie fut la plus grande pour une fois. et ce fut à l’âge de vingt-ans que ses pas la guidèrent vers un salon de tatouage. elle peut d’ailleurs remercier sa chaîne twitch qui l’avait grandement aidé à financer ce projet. c’était en grande partie ses viewers qui avaient financé ce projet. se faire un tatouage. pas n’importe lequel. une rose sur la cuisse droite. rose symbole de la passion, mais qui peut se montrer piquante quand il le faut. c’était totalement elle.
ce fut long. elle râlait plusieurs fois au tatoueur comme une enfant, mais elle ne fut guère déçue du résultat. ari était fière de porter des shorts pour arborer son tatouage.

10. — alors qu’elle avait une quinzaine d'années, son père décida de lui apprendre à se défendre. il ne voulait guère qu’elle se laisse marcher dessus et qu’elle puisse se protéger si jamais quelqu’un de malveillant s'approchait d’elle. puis, c’était aussi une façon à son père de se faire pardonner sur sa non réaction face à son coming out. il n’avait guère pu trouver les mots et avait pris la fuite. il n’avait pas eu honte, juste qu’il avait eu peur pour elle en la voyant assumer pleinement qui elle était. il était fier, mais il craignait que le monde s’en prenne à elles. il savait que certains avaient encore un esprit trop fermé pour voir que l’amour n’avait guère de sexe. il craignait que sa petite fille en souffre. alors, il lui enseignait une manière de fermer le clapet aux gens qui pourraient la critiquer.
La complicité père-fille n’avait jamais été forte pendant ces moments-là.

11. —aujourd'hui, ari a vingt-cinq ans. elle est toujours ouvreuse de cinéma avec des rêves encore plein la tête. elle se dit que peut-être qu'un jour, ce seront ses dessins qui vont être diffusés sous forme d'un film. doux espoir. elle continue de veiller sur ses deux jeunes sœurs et s'assure qu'elles réussissent leurs études, les empêchant de succomber à la moindre tentation que les garçons pouvaient représenter à leur âge.